Il fallait arrêter des Scud pour gagner le Scudetto

Dans l’Antiquité, deux villes ennemies pouvaient purger leur conflit en désignant des champions. L’affrontement funeste des Horaces et des Curiaces nous rappelle qu’un champion peut défier toutes les lois de la probabilité quand l’honneur de sa cité est en jeu.

Les milanais ont très vite fait de Mike leur champion. Dans les rues de la ville, au stade, à la radio, à la télévision, il suffisait de tendre l’oreille pour capter ce frémissement. Sur le terrain, Mike parle avec ses mains. Forcément, ça plait aux italiens. Et puis il y a l’attitude, l’exigence, la faim comme il aime appeler cette force intérieure dévorante. Les rossoneri sont conquis.

Sur la passion, sur le rouge et le noir, Stendhal a déjà tout écrit. Toute vraie passion ne songe qu’à elle. Égoïstement. Pour Milan, Mike a pris des balles. On l’a vu à terre. On l’a vu souffrir. On l’a vu pester, serrer les dents. Et on l’a entendu faire une promesse. Le travail qu’il a fourni pour se relever, pour se réinventer et pour revêtir sa tenue a défié toutes les probabilités. C’est le travail d’un champion.

Pour défendre l’honneur de la ville, pour effacer plus de dix ans de disette, les rossoneri ont entamé une marche que rien ni personne ne pouvait arrêter. Ni les adversaires, ni les arbitres, ni la pluie qui tombait dru sur San Siro. Il leur fallait poursuivre leur chance jusqu’on fond de l’eau. Jusqu’à Sassuolo.

Après une nuit de liesse et d’ivresse, Milan va pouvoir dormir sur ses deux oreilles. Ses champions veillent sur elle. Per sempre !